Après-guerre et bals populaires

Le fameux bal pour faire des rencontres« Non je ne me souviens plus

du nom du bal perdu.

Ce dont je me souviens

ce sont ces amoureux

qui ne regardaient rien autour d’eux.

Y’avait tant d’insouciance

dans leurs gestes émus,

alors quelle importance

le nom du bal perdu ?

Non je ne me souviens plus

du nom du bal perdu.

Ce dont je me souviens

c’est qu’ils étaient heureux
lLes yeux au fond des yeux.»

Peut-être que certains d’entre vous connaissent cette chanson un peu oubliée du comédien Bourvil qui parle avec émotion de la façon dont nos aïeux se rencontraient, s’aimaient et se mariaient, car à cette époque là, le mariage était le seul mode de cohabitation accepté par la société. Dans la France de l’après-guerre, le bal populaire était l’endroit de prédilection pour rencontrer son ou sa « futur(e) ». Pour le reste, les rencontres se faisaient souvent dans un cadre familial ou de voisinage. Et cela a perduré durant tout la période des Trente Glorieuses.

Années soixante le changement s’amorce, multiplication des lieux de rencontre

Même si au début des années soixante, le bal du samedi soir est encore l’endroit où un quart des couples se forment, l’exode rural et les mutations sociales assureront son inexorable déclin, pour disparaître tout à fait au début des années 2000.

Les événements de 68 auront l’effet d’un accélérateur dans ce processus. Adieu donc les images sépia un brin surannées et place aux couleurs pop de la nouvelle société !

Mai 68 : faire de belles rencontres (un peu folles)

Celle-ci change de peau et les territoires de séduction s’élargissent. L’émancipation des femmes, leur arrivée sur le marché du travail et le contrôle de leur fertilité offrent de nouvelles possibilités et multiplient les occasions et les lieux de rencontres : lieu de travail ou public, cadre scolaire, boîte de nuit, soirée entre amis, etc.

Les femmes goûtent à leur toute nouvelle liberté sexuelle et les sages rencontres de proximité les séduisent de moins en moins. C’est le champs de tous les possibles qui s’étend à l’infini.

Internet et les réseaux sociaux

Au début des années 2000, nouvelle mutation, le développement d’internet, des réseaux sociaux et l’arrivée des sites de rencontres modifient un peu la donne, sans toutefois la changer radicalement.

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Il y a aujourd’hui plus de deux mille sites de rencontre, les plus connus sont les sites généralistes, les autres ayant adopté une stratégie de niche pour développer leur activité. Les sites de rencontres sont très fréquentés puisque un tiers des Français déclarent y être ou y avoir été inscrit.

On y trouve toutes les catégories sociales et même si les moins de quarante ans constituent le cœur de cible, toutes les tranches d’âge y sont représentées. En théorie, chacun peu donc y trouver ce qu’il cherche. Le choix est large, tellement large qu’il peut paraître parfois difficile d’en faire un.

2012 les applications smartphone où l’avènement du sexe express

L’internet mobile se développe et le marché doit s’adapter à cette nouvelle donne. Tinder première application de dating sur smartphone est lancée. Elle offre de nouvelles fonctionnalités (géolocalisation, photos, messageries instantanées…) qui permettent une rencontre quasi immédiate.

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Ici on ne s’embarrasse pas de longs échanges épistolaires, une photo, un message et l’affaire est conclue. Ces applications séduisent en priorité les moins de trente cinq ans à la recherche de rencontres à date de péremption très proches ou dans des termes moins châtiés, mais plus appropriés d’ un bon plan baise. Les sites de rencontre traditionnels se sont rapidement adaptés en développant à leur tour leurs propres applications.

De quoi sera fait l’avenir ?

Les moyens d’entrer en contact avec l’autre continueront d’évoluer avec les technologies, bien sûr. Mais on peut imaginer un monde dans lequel, le sexe et l’amour ne seraient plus que virtuels ; le problème de la rencontre serait alors définitivement réglé.

L’avenir ressemblera peut-être au monde décrit par le cinéaste Spike Jonze à travers son film Her dans lequel le personnage principal (Joaquin Phoenix) tombe amoureux fou d’une intelligence artificielle nommée Samantha (Scarlett Johansson) qui satisfait à tous ses désirs et besoins et constitue l’image virtuelle de la femme parfaite. Cela comblerait sûrement ceux qui sont en recherche permanente du partenaire idéal.

L’avenir pourrait aussi ressembler au Japon actuel, champion du célibat, où 25 à 30 % des jeunes atteignent l’âge de trente ans sans jamais avoir eu de rapports sexuels, préférant la virtualité des réseaux sociaux aux rencontres réelles. A Kyoto, la société Cerca propose un service de solo wedding (mariage en solo) qui transforme celles qui le demandent en mariée d’un jour, mais…sans partenaire. Choix de la robe, du bouquet, coiffure, maquillage, séance photo, tout y est comme pour un vrai mariage. Princesse d’un jour, chaque femme peut vivre son rêve de petite fille sans avoir à supporter les contraintes d’un vrai mariage.

En fait, on s’orienterait de plus en plus vers un monde dans lequel l’individualisme poussé à l’extrême ferait du sexe et de l’amour un bien de consommation « à la carte » privilégiant l’épanouissement personnel au détriment de l’intérêt général.