Par un wek-end d’hiver…

J’ai profité de ce week-end d’hiver un peu frisquet pour aller voir Carol du réalisateur britannique Todd Haynes et j’en suis ressorti enchanté.

Même si j’ai repéré un certain nombre de couples lesbiens dans la file d’attente du cinéma, nul besoin d’appartenir à cette tribu pour apprécier les qualités du film. Car ici tout est beau et décrit avec finesse et élégance, jusqu’à l’unique corps à corps des actrices dont le contact délicat est d’un érotisme abouti qui devrait plaire autant aux femmes qu’aux hommes.

Un contexte particulier

Deux femmes que tout oppose, Carol (Cate Blanchett), mûre, riche, mariée, sûre d’elle et Thérèse (Rooney Mara), jeune, modeste, célibataire, timide vont s’aimer dans une époque qui leur interdit de le faire et l’une d’elles sera amenée à faire un choix radical qui n’aurait pas manqué de choquer tous les bien-pensants de l’époque (et à la réflexion, ceux d’aujourd’hui aussi).

Un choix particulier.

Le réalisateur situe l’action dans l’Amérique des années 50, une société encore très verrouillée, mais dont on pressent déjà les aspirations aux changements. La liberté sexuelle ne peut s’afficher et il faut contourner les interdits pour vivre la vie à laquelle les corps et les âmes aspirent. Peu de gens s’autorisent à le faire, ceux-ci agissent en précurseurs ouvrant la voie à tous les autres, pionniers des acquis modernes en matière de mœurs.

Un thème assez rare au cinéma.

Il existe un assez grand nombreux de films où il est question d’homosexualité féminine sans pour autant en être le sujet central, car il ne faut pas oublier qu’il y a encore peu de temps le thème était encore complètement tabou.

Parler d’homosexualité était déjà un pari audacieux et aller s’aventurer sur le terrain difficile de l’homosexualité féminine relevait du morceau de bravoure auquel seuls les plus courageux acceptaient de s’attaquer.

L’homosexualité féminine fait-elle vendre ?

Si l’on en croit le nombre de productions de ces dernières années, on serait tenté de dire oui. Le cinéma essaie d’en explorer les facettes multiples en l’abordant sous des aspects parfois inattendus.

On n’hésite d’ailleurs plus à récompenser ce cinéma. Ainsi, le réalisateur Abdellatif Kechiche a reçu la Palme d’or à Cannes pour son film La Vie d’Adèle sorti en 2012. Celui-ci se situe dans un contexte contemporain et dépeint l’amour brûlant de deux jeunes femmes incarnées par Adèle Exarchopoulos et Léa Seydoux. Il offre des scènes de sexe plutôt crues et a dépassé le million d’entrées en France. On peut parler d’un vrai succès d’audience.

D’autres voies…

Tomboy de Céline Sciamma sorti en 2011 est plus original, tant dans son traitement que dans son sujet.

Brièvement résumé, il raconte l’histoire d’une fillette qui semble étrangère au corps que la nature lui a offert et qui découvre peu à peu sa différence en tombant amoureuse de sa petite voisine. Même si sur le papier le thème peu paraître un peu scabreux, le traitement est subtil et ne comporte aucune scène « explicite ». Il illustre avec brio le fait que l’on puisse parler de tout mais en choisissant la voie d’accès avec soin, ce qui est bien sûr un exercice difficile. Le film a fait 350 000 entrées ce qui est, sans atteindre les sommets d’Adèle, un très beau succès.

Vous ne serez pas déçu.

C’est avec Carol que je terminerai mon billet, vous pouvez aller voir le film en toute confiance et pour beaucoup de raisons, en voici deux : sa belle photo reconstituant le New-York des années 50, mais aussi pour le sujet qu’il aborde avec beaucoup de délicatesse.

Bonne séance !