« Si vous n’aimez pas vos imperfections quelqu’un les aimera pour vous ». Pour parler de rencontre sérieuse, c’est le slogan de la dernière campagne de publicité pour Meetic et cela met tout de suite de bonne humeur, dans un état d’esprit constructif, même en sachant qu’il y a une démarche marketing derrière et que la finalité est quand même de vendre un produit.

fille normale : les rencontres sont possibles !

Pas besoin d’être bien foutu pour faire de belles rencontres !

Le nouveau concept Meetic

Le concept est déjà connu et a été utilisé par d’autres marques (Sosh, Dove, etc.). Le spot met en scène des gens « normaux », des êtres de chair et de sang avec leurs qualités et leurs défauts, de ces quidams que l’on croise dans le bus le matin pour aller au travail ou le week-end dans la salle de gym d’à côté. Ils ne sont ni mannequins, ni stars du grand écran, ni gravures de mode retouchées par Photoshop, ce qui est assez rare dans le monde de la pub. Il est une invitation à voir le côté positif des choses, faire apprecier ce que l’on a au lieu de faire regretter ce que l’on n’a pas.

Ne serait-ce pas le début du bonheur ?

Il serait ainsi possible de susciter le désir et l’amour même quand on n’est pas parfait, cela ouvre de belles perspectives. Tout le monde a des complexes, certains s’en accommodent, alors que d’autres les jugent insurmontables. C’est ce qui fait la différence entre ceux qui sont bien dans leur peau et ceux qui ne le sont pas. Même si la gaucherie peut avoir ses charmes, pour séduire mieux vaut être sûr de son pouvoir de séduction et ce n’est certainement pas en se pliant aux injonctions des marchands d’illusions qu’on peut l’être. Être soi-même, s’affirmer, s’aimer est déjà un atout très appréciable. Aimez-vous, on vous aimera !

L’image renvoyée par les médias.

Se rassurer sur son capital charme dans une société qui propose un idéal de beauté impossible à atteindre puisque soumis à des modes changeantes. Ainsi, il y a encore peu de temps on mettait beaucoup en avant la minceur comme critère de beauté quasi exclusif et les longues lianes androgynes circulant sur les podiums des défilés de mode servaient d’émissaires aux prescripteurs de cette injonction à la minceur extrême.

La femme idéale selon les medias

Selon les media, la femme idéale est bien loin de celle qu’on rencontre tous les jours.

Il eut été difficile alors d’imaginer que des postérieurs aux formes très « rebondis » puissent être au goût du jour. C’est fait, grâce à Kim Kardashian et ses consœurs latinos-américaines. Ce qui était un défaut est soudain devenu une qualité ; il y a de quoi s’y perdre un peu, je vous l’accorde.

Les solutions proposées par les marchands du temple.

Elles visent souvent à faire croire à des gens ordinaires qu’ils sont tout à fait disgracieux, mais que des experts suffisamment courageux et prêts à relever un défi que beaucoup d’autres auraient jugé insurmontable, ont des solutions à apporter pour leur donner enfin forme humaine et les transformer en produit socialement acceptable et pourquoi pas susciter l’amour, car la séduction n’est elle pas le moyen d’accéder à ce qui reste une des grandes aspirations humaines : être aimé. Les solutions proposées visent à nous rendre tous semblables, à répondre à une norme érigée comme la seule norme esthétique acceptable et surtout destinée à leur apporter une source de profits infinie. La beauté est en réalité multi-formes et ne répond à aucun modèle préalablement établi, si ce n’est les canons d’un lieu et d’une époque dont il faudrait savoir s’affranchir. Le 19e siècle imposait à la femme une silhouette en sablier avec une taille très fine comprimée dans un corset. Aujourd’hui, on regarde cet accessoire comme objet de torture et ces corps aux organes comprimés semblent appartenir à de pauvres créatures suppliciées que nous plaignons de tout cœur. Faisons attention à ne pas leur ressembler.