« Il était une fin… » En couple depuis dix ans, dix jours, mariés ou pas, avec ou sans enfants, quelles sont les raisons qui amènent deux êtres qui se sont aimés à mettre un terme à leur relation ?

La séparation dans le couple peut intervenir n'importe quand. Elle suit pourtant des schémas qui se répètent.

Douloureuse ou libératrice, temporaire ou définitive, subie ou provoquée, tout le monde ou presque est confronté à une rupture au moins une fois au cours de sa vie. En France, les séparations ont connu une hausse de 63 % en 15 ans, une personne sur trois âgée de 26 à 65 ans vivant en couple en a déjà vécu une, et 44 % des mariages se soldent par un divorce [1] [2]. Quelles sont les principales causes de l’échec du couple ?

Psychologie de la rupture

Dans notre société imprégnée par la recherche du bonheur, l’équilibre d’un couple peut parfois voler en éclats. Trop idéalisée, la relation se détériore, la vie à deux devient pesante voire insupportable – au moins pour l’un des partenaires – jusqu’au point de « rupture ». Exception faite de causes graves – telles que la violence conjugale ou une santé mentale fragile qui restent d’importants facteurs de divorce – on se sépare par raison (on ne supporte plus « l’autre ») ou par passion (pour quelqu’un d’« autre ») [3].

Sur le plan psychologique, la vie de couple se décompose en quatre périodes clairement identifiables :

  • la symbiose, période fusionnelle
  • la différenciation, où chacun prend conscience de ses différences avec l’autre et exprime ses limites et ses besoins
  • l’expérimentation, la relation de couple est délaissée pour se centrer sur le monde extérieur
  • le rapprochement, ou retour à l’intimité dans le couple.

La phase de symbiose achevée, chaque phase suivante apporte son lot de difficultés dont l’issue est parfois la séparation, notamment si l’un des partenaires est en « décalage » avec l’autre (car on n’est pas forcément dans la même phase au même moment).

Certains refusent également de traverser ces étapes, cherchant à revivre sans cesse la période fusionnelle : la relation s’achève lorsque la phase de différentiation s’annonce.

Du point de vue des psychologues, les conflits les plus fréquents découlent des comportements négatifs de l’un ou de l’autre (« elle est trop critique », « il est trop impulsif »…) Viennent ensuite les problèmes du quotidien (tâches ménagères, stress, travail…) puis la prise de distance d’un des partenaires.

Les motifs de rupture les plus fréquemment observés par les thérapeutes sont les suivants (par ordre d’importance) :

  • Difficultés de communication
  • Incompatibilité des partenaires (peu d’affinités, mésentente, disputes fréquentes)
  • Intérêts, buts et valeurs des partenaires qui ont changé en cours de route. [4]

Des motifs variables selon l’âge…

On ne se quitte pas pour les mêmes raisons à 20 ans ou à 60 ans. Selon les périodes de vie, on constate que les processus amenant à la séparation sont très différents.

À 20 ans : c’est l’entrée dans l’âge adulte, les aspirations personnelles sont souvent différentes de celles du couple. Lors de cette période de construction, mais aussi de méconnaissance de soi-même et d’indécision, il est difficile de faire un choix durable et constructif dans sa vie amoureuse. La séparation est alors synonyme de nouveauté et d’aventure.

À 30 ans : c’est la phase de réalisation de ses objectifs (professionnels et personnels), de l’expérimentation de l’engagement et de la vie à deux. C’est aussi souvent l’âge auquel arrive le premier enfant, associé au travail… Le rythme effréné de la vie fragilise le couple, qui peut se « noyer » dans cette déferlante. Mais le naufrage peut aussi provenir de la peur de l’engagement de l’un des partenaires, ou d’un désir d’enfant non partagé.

À 40 ans : la période du doute, on est au milieu de sa vie. C’est le temps des remises en questions, du bilan de « mi-parcours ». Où l’on constate la perte de ses illusions mais où l’on prend également conscience des possibilités tout en ayant envie de réaliser ses rêves. La motivation de la rupture découle du désir de vivre une vie qui correspond vraiment à ce que l’on est devenu.

À 60 ans : les partenaires vieillissent, les enfants sont partis. On doit faire face au syndrome du « nid vide ». Que reste-t-il du socle sur lequel reposait le couple jusqu’alors ? Dans ce contexte, la rupture survient parfois comme une réponse évidente. On rompt alors pour soi, avec certitude et sans culpabilité de briser la famille, face à un trop grand vide. [4] [5]

…Ou selon le sexe

Selon un sondage établi en 2013, les femmes rompraient surtout parce qu’elles n’ont plus de sentiments, suite à une infidélité, un mensonge, ou de trop nombreuses disputes.

Les hommes, eux, mettraient un terme à une relation parce qu’ils ne sont pas prêts à s’engager, parce qu’ils en ont assez de passer au second plan, à cause de la « mauvaise hygiène de leur partenaire », de nombreuses disputes, du manque de libido de leur moitié…[6]

Difficultés à exprimer leurs émotions ou « peur » d’être seuls ? Leurs raisons, plus floues et moins faciles à déterminer, les conduisent souvent à l’évitement ou à se désinvestir, cherchant une porte de sortie que la femme n’a pas peur d’ouvrir. [7]

Il est intéressant de noter que 75 % des divorces sont initiés par les femmes.

D’après François de Singly, sociologue et auteur de « Séparée, Vivre l’expérience de la rupture » la séparation serait de sexe féminin. Selon leur degré d’autonomie et de fusion vis-à vis de leur partenaire, trois profils de femmes se dégageraient lorsque le couple explose. Celles qui partent pour « survivre », fortement investies dans le « nous » conjugal, et qui se sentent flouées. Celles qui partent pour « se développer » et pour qui la relation apparaît comme un obstacle au développement personnel, et enfin celles qui partent pour « se retrouver » lorsque les conjoints se sont trop éloignés, prenant des voies différentes. [7] [8]

Dernière étape de la vie de couple, le processus complexe menant à une séparation reste propre à chaque individu et chaque histoire de couple. Multiples, variables, subjectives, aucune raison amenant à une rupture n’est à considérer comme mauvaise. Analyser, comprendre les raisons d’une rupture restent les clés pour mieux se connaître soi-même et faire son travail de deuil, puis avancer sans reproduire le même schéma. Une fois le traumatisme et la douleur apaisés, on est souvent amenés, avec le recul, à constater que la séparation peut comporter de nombreux aspects positifs.